INTRODUCTION :

Dans un monde qui s’accélère au fil des décennies, l’être humain peut avoir tendance à croire que tout commence à lui échapper. Que l’équilibre du monde et de notre époque peut vaciller à tout moment orientent le destin de l’humanité vers une direction plutôt qu’un autre. C’est là l’un des sujets principaux de la science-fiction depuis toujours : poser des questionnements sur notre futur et sur l’avenir potentiel de notre civilisation.

La science-fiction a ainsi su prendre de l’ampleur et se développer au fil de l’histoire. Elle doit notamment tout cela à ses différents univers nés à travers les âges possédant une cohérence et une richesse indéniable. Même si ce genre tente perpétuellement de répondre à une multitude de questionnement ou à de nouvelles préoccupations, il n’offre pas pour autant de réponses et se contente de rester spéculatif. Son but principal est plutôt de poser des questions comme « Que se passerait-il si ? Que ce serait-il produit si ? ». Ce genre purement hypothétique invite ses lecteurs ou spectateurs à créer un dialogue pour leur permettre de réfléchir à l’implication de vivre dans un monde et une société en perpétuelle évolution. Et même si l’on peut parfois voire ce genre comme un lanceur d’alerte sur les potentiels dangers de notre futur, il est difficile de quantifier l’impact de ces messages sur les prises de décisions.

Même si la science-fiction se veut alarmiste, et traduit en quelque sorte des aspirations et des angoisses de son temps, notre futur n’en est pour le moins pas fatalement sombre (du moins, nous ne pouvons pas l’affirmer catégoriquement.). Tout cela étant causé parce qu’on appelle l’impératif de narration, qui fait qu’une histoire où tout se passe bien en devient inintéressante et tout à fait banale. Le publique possède avant tout le besoin de se plonger dans des histoires palpitantes et captivantes. Mais tout cela n’empêche pas pour autant le fait que l’on pourrait bien avoir envie d’y croire. Depuis que nous sommes capables de nous exprimer, nous cherchons sans cesse à tenter d’expliquer l’inexplicable et à trouver une explication rationnelle à tout ce qui nous entoure.

À notre époque, la science-fiction est la plupart du temps caractérisée à tort par le fait que le futur le plus probable soit celui de la représentation de l’omniprésence de l’être humain dans l’espace. Des univers, la plupart du temps dominés par notre espèce ou celle-ci aurait à faire face à la menace extra-terrestre souhaitant conquérir l’univers et mettre fin à notre domination absolue. Tout cela n’est cependant pas anodin et traduit les différents enjeux de notre époque : à savoir la conquête des étoiles au fur et à mesure que notre planète se meurt afin de sauver l’humanité de sa potentielle extinction. Les codes graphiques du sous-genre de la science-fiction qu’est le space opéra sont souvent considérés à tort par l’imaginaire collectif comme la caractéristique principale et le sous-genre dominant de la SF.

La science-fiction est cependant bien plus vaste que ça et offre un immense terrain de jeu pour créer les projections du futur. Et même si l’on met de côté toute la dimension spatiale de celle-ci, il reste encore beaucoup à explorer rien qu’avec notre seule planète. On le remarque notamment depuis les années 2000 avec l’émergence de plus en plus d’œuvres liées à de sous-genres appartenant à la science-fiction : le postapocalyptique, le cyberpunk, etc. Une arrivée massive avec les nouveaux enjeux du 21e siècle que sont l’écologie et le potentiel effondrement de l’humanité dû à des facteurs comme : les guerres, les pandémies, les catastrophes naturelles ou encore les pénuries de ressources.

Cependant, même si la SF tente d’apporter des éléments de réponse à des questions souvent étroitement liées aux différentes angoisses, questions et enjeux de notre époque, certains messages et certains codes graphiques peuvent rester intemporels, mais d’autres bien au contraire resteront liés et figés à leur époque. Il se trouve alors que là où certaines projections pouvaient s’avérer totalement cohérente et avant-gardiste se retrouvent alors totalement dépassées et en décalage complet avec notre ère actuelle.

On peut par exemple observer depuis quelque temps que les codes graphiques de la science-fiction ont quelque peu tendance à rester figés dans le passé et à ne plus trop évoluer. Ce qui étant contradictoire avec cela, étant donné que ce genre est de plus en plus apprécié par le publique aussi bien au cinéma, que depuis très récemment avec l’arrivée des séries qui l’ont propulsée sur le devant de la scène.

 

  1. Un genre souvent représenté par l’espace

 

Lorsque nous vous parle du genre de la science-fiction, quel est-la première image qui vous viens à l’esprit ? La plupart des personnes nous répondent les extraterrestres, les petits hommes verts ou encore les vaisseaux spatiaux. Et si on vous répondait que vous aviez tout faux ? C’est malheureusement le raccourci que font bon nombre de personnes. Un constat qui se trouve encré dans l’imaginaire collectif pour être la représentation la plus populaire de ce genre. On doit avant tout cela à de grandes œuvres qui ont propulsé la science-fiction sur le devant de la scène et qui font qu’aujourd’hui la conquête des étoiles se veut être le thème le plus représenté de la SF.

 

  1. Des codes régis par des œuvres bien ancrées

 

  1. Une volonté de l’humanité et de notre époque de conquérir les étoiles

 

Avant de plonger dans les œuvres qui ont amené cette vaste représentation de la science-fiction dans les esprits, il faut d’abord commencer par comprendre les origines de l’émergence de ces croyances dans l’imaginaire collectif.

 

Si nous regardons du côté de l’étymologie du mot science-fiction, on peut en déduire des éléments assez intéressants par la suite. Notre genre est composé du mot « science » qui si on se réfère à son sens premier, désigne « Un ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des lois et/ou vérifiés par les méthodes expérimentales. »

Vient ensuite le mot fiction qui désigne « Une création de l’imagination ; ce qui est du domaine de l’imaginaire, de l’irréel ». Si l’on confronte ces deux termes, tous les opposent d’un côté la science, très pragmatique et fondée sur des connaissances prouvées et de l’autre la fiction, tirée de l’imaginaire et qui se base sur des choses totalement abstraites voire infondées.

Et c’est là où la rencontre des deux prend tout son sens. Elle puise ses histoires dans le meilleur des deux mondes pour créer un genre à la fois passionnant, palpitants et surtout intrigant qui en fera se questionner plus d’un.

 

Si l’on remonté brièvement aux origines de ce genre, on peut noter qu’il a été reconnu comme tel dans la deuxième moitié du XIXe siècle avec l’avènement d’œuvres émanant d’auteurs célèbres comme Jules Verne ou encore H G Wells. Des romans classés dans la catégorie scientifique tels que Voyage au centre de la Terre (1864), de la Terre à la Lune (1865) ou encore vingt mille lieues sous les mers (1869), La Machine à explorer le temps (1895) et La Guerre des mondes (1898). Le point commun entre toutes cet œuvre littéraire est qu’elles des technologies avant-gardistes et futuristes. Des technologies qui du côté de Jules Verne sont très axées sur les machines modernes.

Si nous prennons son homologue Britannique H. G. Wells, les éléments sont très différents. Il se base plutôt sur des éléments extraordinaires comme l’invisibilité, l’antigravité, etc se concentrant de ce fait plus sur les personnages que sur des détails technologiques pour baser sa critique de la société. Nous noterons que la préoccupation du voyage de l’espace fera son apparition relativement tôt avec le Roman de Jules Vernes « De la Terre à la Lune » (1865). Mais l’idée de s’envoler vers les étoiles ne sera pas encore la préoccupation majeure à cette époque.

 

Il faudra attendre le XXe siècle pour que la science-fiction connaisse un réel essor et suscite un réel intérêt auprès du public. Une montée en popularité du notamment à son accessibilité facilitée avec l’arrivée des magazines et des films de science-fiction. Si l’on regarde du côté des débuts du cinéma de science-fiction, il y a une œuvre qui a contribué à sa diffusion : le Voyage dans la lune de Georges Méliès considéré par beaucoup comme le tout premier film de science-fiction.

Une fiction qui a permis l’expansion du genre puisque beaucoup de personnes ne sachant pas lire à cette époque avaient enfin accès à ces œuvres. Le genre va alors connaître un âge d’or des années 1930 à 1950 avec l’arrivé d’un grand nombre d’œuvres et la création d’un nouveau sous genre : la hard science-fiction célébrant les réalisations scientifiques. L’une des œuvres majeurs et incontestable de cette époque fut bien évidemment le roman dystopique 1984 de Georges Orwell, inspiré du contexte historique des régimes totalitaires et des avancées technologiques. C’est également depuis cette époque que le genre va avoir de plus en plus d’impact sur la société. Les diverses adaptations d’œuvres connues vont alors susciter de fortes réactions, des soulèvements, etc.

 

Bien que l’espace ait toujours eu une place de choix dans la SF, son arrivée massive va débuter vers la fin du XXe siècle avec l’avènement de nouveaux sous genres de la SF : le space-opéra et la planète opéra. C’est à partir de cet instant que le genre vas alors commencer à prendre un tournant et que les étoiles vont peu à peu occuper de plus en plus d’espace. Les histoires se déroulent en majeure partie dans des contextes géopolitiques complexes et souvent tendus. L’œuvre la plus emblématique qui sera à l’origine de cette popularité sans précédent durant les années 60 – 70 n’est autre que Star Wars (la guerre des étoiles) qui va alors grandement contribuer à ce phénomène de mise en avant de l’espace dans le genre de la SF. Une œuvre rejointe par d’autres comme Start trek, ou encore Stargate, la porte des étoiles.

Si nous croisons cette popularité avec le contexte historique, on peut noter que la guerre froide et la conquête spatiale ont grandement inspiré le sous-genre et contribué à sa popularité. Ces œuvres ont toutes puisé leur inspiration dans l’enjeu de la conquête spatiale opposant les Etats-Unis à l’URSS.

Le monde a alors les yeux tournés vers les étoiles, et l’industrie du cinéma mise de ce fait sur cet engouement pour donner naissance à ces œuvres qui connaîtront un grand succès.

Tous ces événements ayant forgé le genre, le chemin était fait. Pour la science-fiction, et pour l’humanité, l’avenir se trouvait dans l’espace. La majeure partie des questionnements scientifique étaient alors tournés vers le ciel et au-delà de notre terre. La SF n’a alors fait que renforcer ce sentiment en faisant ce qu’elle a toujours fait : poser des questionnements et laisser les réponses livrées à l’imagination de chacun. Ces facteurs resteront profondément ancrés dans l’ADN de la SF au point de faire croire que l’unique avenir de la science et de la terre se trouve être l’exploration de l’univers.

Un sentiment qui se verra renforcé par l’arrivée de nouveaux enjeux comme la prise de conscience écologique dans les années 70 nous poussant à croire à ce plan B pour sauver l’humanité sur quelque chose se passait mal sur terre. Mais c’est cette prise que conscience qui sera également à l’origine de nouvelles questions gardant comme toujours la science-fiction proche de son temps et de ses enjeux.

  1. Des œuvres aux univers graphiques riches

 

Lorsque l’on explore les univers de la science-fiction, leur richesse donne lieu à de nombreuses interprétations du futur et des enjeux à venir de notre monde. De l’architecture, des univers culturels graphiques tous aussi intéressant les uns que les autres. Chaque œuvre possède en soit tout son petit monde régit par des codes. Et même si parfois, il peut s’avérer proche du notre, la SF nous rappelle bien que nous sommes dans un univers imaginaire créé de toute pièce pas l’esprit de son créateur. La SF comporte des ingrédients très riches qui peuvent s’avérer être le terrain de jeu privilégié de bon nombre de designers contemporains. La SF est similaire à une vision très critique de la société actuelle, souvent en marge tout en dépassant les limites de notre imagination en l’emmenant parfois très loin.

Si l’on se concentre sur les univers du space-opera, il y a déjà beaucoup à expérimenter. Leurs cadres dans les étoiles et dans l’espace donnent lieu à des univers à l’interprétation ultra futuriste qui peuvent s’avérer être le terrain de jeu de créations graphiques.

 

Le space opéra aborde des thèmes récurrents comme : l’héroïsme, l’aventure, l’espace, des éléments fantastiques, de la technologie, de la politique et bien d’autres. Tout un savant cocktail dans lequel nombreux domaines du design y sont abordés sous des angles souvent novateurs. Par exemple : l’architecture et ses bâtiments gigantesques faits d’acier ou de matériaux des planètes, le chara-design et ses personnages tous plus étranges les uns que les autres, le design d’objets, ou encore le design d’interface qui s’avère être l’un des éléments clef du sous genre avec ses visuels holographiques.

L’art visuel des séries et de films du space-opéra son tout simplement époustouflants de créativité, il ne s’agit pas uniquement d’œuvres qui obsèdent les fans de science-fiction, mais aussi d’œuvres qui devraient intéresser les designers pour puiser leur inspiration.

Leur esthétique reprend souvent des éléments comme des couleurs froides avec des nuances de bleu, des couleurs plus neutres comme le noir, des formes géométriques comme des sphères (pour les planètes), des courbes, des formes au caractère aérodynamique ou encore des motifs et textures travaillé. Il n’y a qu’à regarder un vaisseau spatial de l’univers de star Wars pour se rendre compte de l’harmonie et de l’esthétique de leur design.

Le space-opera produit une esthétique qui est tout aussi mémorable pour ses concepts que pour ses sensibilités en matière de design. En reprenant les caractéristiques classiques du design, telles que les formes épurées et les couleurs neutres et froides, et en les associant à une technologie futuriste, cette tendance conceptuelle crée un langage graphique qui communique l’aspiration de ce qui est à venir pour la race humaine.

Il existe de nombreux exemples inspirants de cette tendance dans le domaine de la conception graphique, ce qui témoigne de sa popularité et de sa tendance à enflammer l’imagination des concepteurs talentueux du monde entier.

L’homme a toujours aspiré à voyager vers les étoiles et au-delà. Atteindre la lune n’est pas suffisant ! Nous avons besoin de voir et de connaître davantage le vaste univers. Parmi toutes les esthétiques de design, le space-opera capture si bien ce sentiment. Le résultat final est une tendance qui inspire tout le monde. Bien que le space opéra ait bénéficié de l’arrivée du cinéma et plus récemment des séries, l’une des grandes sources majeures d’inspiration se trouve être directement dans la Bande Dessinée. L’un des constats qui vient confirmer cette tendance, c’est que généralement lorsque l’on creuse les origines de nos séries et films préférés, il n’est pas rare que ceux-ci aient été directement inspirés ou réadapté de BD ou de romans.

Si l’on prend l’exemple d’une célèbre Bande dessinée de Jean-Claude Mézières : Valérian et Laureline, celle-ci est à l’origine une adaptation donnant lieu à des interprétations graphiques diverses de la science-fiction vue par Mézières. L’une d’entre elle est une série d’animation issue d’une collaboration franco-japonaise qui nous plonge dans un univers riche de voyages dans le temps et d’interprétations du futur où les boucles spatio-temporelles peuvent changer le destin de planètes et d’univers entiers. L’une des particularités intéressantes de la série est qu’elle mélange subtilement la 3D et la 2D pour marquer des détails de l’environnement ou pour différentier des espèces ou des planètes. Malheureusement depuis l’arrivée de ce mix 2D/3D qui a été amené par le dessin animé Français Code Lyoko, cette technique est parfois beaucoup trop et maladroitement utilisée dans le monde de l’animation. Cela reste malgré tout une piste qui peut être intéressante à exploiter.

 

  1. De vastes possibilités au-delà de l’espace

 

 

  1. Une multitude de possibilités rien qu’avec notre terre

 

 

Bien que le sous-genre phare de la Science-fiction s’avère être le space-opéra et ses contrées galactiques lointaines, il serait très réducteur de ne se cantonner qu’à cela lorsque l’on cherche à décrire la SF. Et il y a bien des sous-genres qui existent et qui peuvent nous livrer tous leurs potentiels. Certains reviennent justement sur le devant de la scène ces derniers temps avec toutes les questions actuelles de notre société et de notre époque.

 

S’il y a bien un progrès scientifique qui en ferait fantasmer plus d’un ou bien au contraire qui en effraierait d’autres, c’est le voyage dans le temps. Véritable sous genre de la SF celui-ci se détache encore plus de la réalité de par la nature complexe de la question qu’il aborde. Que ferions-nous si nous pouvions contrôler le temps ? En voilà une piste de réflexions intéressante quant aux potentiels d’une pareille technologie. De nombreuses œuvres se sont illustrées en tentant d’apporter des pistes de réflexion sur cette question. Comme la série britannique devenue culte retracent les aventures du célèbre personnage que l’on appelle « le docteur ». Un personnage qui voyage à travers l’espace et le temps à bord d’un vaisseau spatio-temporel ayant l’apparence d’une cabine d’appel téléphonique de la police britannique, le TARDIS. Mais ce qui fait de ce véritable monument télévisuel britannique son identité, c’est bien sur tout son univers aussi complexe que riche. L’un des plus grands mystères, mais également l’une des plus grandes questions que soulève la sérié est : qui est le docteur ? Et ça, on tente de le découvrir au fil des épisode en abordant des thèmes comme la question de l’immortalité, de la maîtrise du temps, du genre, … Puisque le docteur n’est pas qu’une seule personne, il évolue au fil du temps et des saisons.

 

Ce sous-genre est d’autant plus intéressant qu’il permet de se plonger dans des univers aussi bien futuristes que passés. Permettant de confronter des cultures et des visions du monde de toute époque.

 

L’un des autres aspects de la science qui suscite également beaucoup de réactions à notre époque, c’est le progrès technologique avec les intelligences artificielles et autres robot humanoïde. Et ça la SF le traite également dans ce que l’on appelle le cyberpunk. Un sous-genre mettant en scène un futur proche, avec une société technologiquement avancée (notamment pour les technologies, de l’information et de la cybernétique). Et pour bien comprendre toutes les facettes du cyberpunk, on peut se tourner vers la série américaine Westworld. Un œuvre dont l’intelligence artificielle, la data ou encore la conscience sont des éléments au centre d’enjeux cruciaux.

 

Elle raconte l’histoire d’un parc d’attraction inspiré de différents thèmes à travers l’histoire (Le far-West, le japon féodal, l’inde, la seconde guerre mondiale, etc) remplis d’androïdes, appelés « hôtes » (hosts) tous configurés pour se retrouver dans des boucles narratives dont le satisfaire les moindres désirs des visiteurs fortunés.

 

Mais ce qui est le plus frappant dans cette œuvre, c’est que le visiteur est incapable de faire la différence entre un hôte et un être humain, tellement ces créatures se trouvent être plus vraies que nature. Le spectateur va alors se retrouver perdu dans une narration déstructurée en matière de temporalité. Le principal intérêt de la série est de nous montrer que si un jour un tel niveau de conscience pouvait être possible pour des machines, la question de l’inclusivité serait posée sur la table quant à un avenir où les robots et les êtres humains seraient aux mêmes plans. Quant aux dangers d’une pareille technologie, la série va vite nous rappeler à l’ordre.

Au même titre que les autres thèmes abordés précédemment, il y en ait un autre qui se démarque plus des autres : le postapocalyptique. Parce que lorsqu’il est trop tard, le terme « apocalypse » prend place pour nous rappeler que tout peut arriver. Véritable sous-genre assez extrême de la dystopie, sa fin n’est jamais heureuse. La civilisation s’en trouve à chaque fois anéantie par tous les événements possibles et inimaginables. Guerre, pandémie, extermination, il y en a pour tous les scénarios. L’être humain se retrouve alors face à lui-même, revenant à ses instincts primitifs pour tenter de survivre avec l’infime espoir de reconstruire une société. On explore alors tous les types de société postapocalyptique possible, des plus simples aux plus complexes. Parce que s’il y a bien une des plus grandes peurs de l’homme de notre époque, c’est de se retrouver pris dans un effondrement de notre civilisation sans rien pouvoir y faire.

 

Des possibilités, il n’y en a beaucoup rien que si l’on reste sur cette bonne vielle planète Terre. Des questions, il y en a qui émergent, qui trouvent ou attendent des réponses. C’est avant tout ça qui fascine le public, tout est fictif même si plus nous avançons dans les époques, plus ces scénarios deviennent crédibles finalement. Et pour susciter toutes ces émotions rien ne vaut le pouvoir de l’image pour faire vivre ces univers et ces récits. Les illustrateurs et les artistes entrent alors en scène pour tenter de matérialiser l’inconnu, ces questions qui font ce pourquoi on aime la science-fiction.

 

  1. Des mécaniques avec un potentiel graphique

 

 

Ces univers fonctionnels étant très visuels, les couvertures de livres, BD ou encore autres affiches de films et de série ne dérogent pas à la règle. Leurs illustrations sont pour bon nombre une source d’inspiration inépuisable, reste encore à sélectionner les plus pertinentes. Certaines œuvres ou rééditions l’ont bien compris.

Un mécanisme graphique intéressant peut notamment être aperçu dans l’adaptation en bande dessinée de Xavier Coste du très célèbre Roman dystopique 1984 de Georges Orwell. D’emblée, la couverture apporte ce côté très anxiogène de l’histoire d’Orwell. Son côté très brut et peint donne tout de suite le ton très glaçant de cette société sombre dans laquelle vos moindres faits et gestes sont contrôlés. Mais ce qui attire tout particulièrement notre attention, c’est le traitement de la temporalité ou des lieux à travers la couleur. Lorsque le personnage se trouve dans un lieu ou une temporalité, la tonalité des couleurs va alors s’en trouver très différentes jouant entre le rouge vif et le jaune. Un mécanisme qui sert d’autant plus l’histoire puisque l’auteur a volontairement cherché à représenter les personnages le moins possible pour garder ce côté très mystérieux et donner plus de poids aux personnages. Ces deux principes permettent alors de créer des contrastes assez forts mettre l’accent sur l’architecture de ce monde. L’esthétique tout entière de l’album y est très marquée, elle est inspirée du cinéma des années 30, avec à la fois un côté passé que l’on peut tout autant raccrocher à notre présent ou à une sorte de futur un peu étrange.

 

Bien que le monde de la SF possède une multitude de sous-genres et d’univers avec des codes assez précis, il y en a un qui a su jouer avec tout en finesse. Il s’agit de celui de Westworld, avec son histoire aussi bien passionnante qu’effrayante. Et là où la série se démarque de toutes les autres séries avec les traditionnels robots clichés, c’est dans sa narration, mais aussi sa direction artistique au style très épurée qui joue sur bon nombre de détails. Si l’on regarde de plus près les détails de cet univers, on se rend compte que ceux-ci ne sont pas laissé au hasard, le tout pour toujours servir au mieux la narration. Par exemple la présence des différentes identités visuelles, logos percement ce monde. La première n’est autre que celle du parc numéro 1 d’où tire son nom la série : Westworld. La direction artistique nous offre un logo sous forme de sigle très minimaliste et épuré que l’on peut voir sous différents aspects selon la temporalité des épisodes. Mais ce qui est plus marquant, c’est que la série aurait pu s’arrêter à ce simple logo, mais elle est allée bien plus loin que ça. C’est littéralement toute l’identité du parc que l’on aperçoit dans la série qui s’inspire de ce logo et de cet univers. On retrouve cette identité graphique au côté à la fois très contemporain et futuriste dans les signalétiques du parc, les vêtements des employés, mais surtout sur les interfaces graphiques du personnel. Ce qui est également tout aussi intéressant, c’est que les différents sites internet du parc et de l’entreprise propriétaire de celui-ci ont été spécialement créé dans notre réalité et permettent au spectateur d’enquêter sur les événements de la saison 2. Un site qui a évolué au fil de la narration, passant d’un simple site vitrine et de réservation pour le parc, à un réel outil pour comprendre l’histoire. Un subtil mélange combinant design graphique, décors ou encore musique avec l’excellente bande son du compositeur Ramin Djawadi.

 

D’autres jouent plus avec les avancées technologiques des leurs époques comme c’est le cas du dessin animé Code Lyoko, créé en 2003 par la société de production Antéfilm. La série est alors l’une des précurseurs d’un nouveau genre graphique dans le monde de l’animation : le mix entre animation 2D et 3D. Toute la partie 2D est alors utilisée pour faire comprendre aux spectateurs que le personnage se trouve dans le monde réel. Un monde qui puise son inspiration de notre réalité avec des décors inspirés de lieux de la région parisienne comme l’usine Renault de l’île Seguin aujourd’hui détruite ou encore le Lycée et collège Lakanal de sceau. La partie 3D est quant à elle est utilisée pour matérialiser le transfert des personnages dans cet univers numérique qu’est Lyoko. Une recette qui fonctionne plutôt bien et qui a su rendre culte ce dessin animé des années 2000. Mais s’il y a bien un jugement des fans qui est souvent sans appel, c’est que la recette à très mal vieilli. Lorsque l’on prend la toute première des quatre saisons, la 3D est sans doute la partie qui pêche le plus. Les animations y sont très basiques et les décors bien qu’ils soient plus travaillés que dans les autres saisons s’en trouvent alors très fades avec des couleurs assez tristes. Et c’est malheureusement là où est tout le problème : la 3D. Bien que le concept soit novateur, l’univers de la série souffre de ce déséquilibre graphique dans cette première saison. On à d’un côté la partie 2D avec ses décors tous droits sortis de concepts art avec un détail et une pâte graphique très réussi, avec un chara-design unique qui fait que l’on reconnait cette série parmi la multitude d’œuvres et de l’autre une 3D qui souffre des limites techniques de ses débuts. Pour autant, avec le succès du dessin animé, un réel travail sera fait dans les saisons suivantes remontants le niveau et gommant ce déséquilibre. On retrouvera par ailleurs une tentative de marquer cette différence dans l’unique bande dessinée adaptée de la série. La 3D sera alors troquée contre un jeu avec la forme des encarts : avec des bords anguleux, lorsque l’on se trouve sur terre et de bords arrondis pour le monde de Lyoko. Une différence très peu marquée que l’on peut rapprocher à cette adaptation.

 

Lorsque l’on y regarde de plus près, on peut observer que certains univers de la science-fiction sont pour le moment très en phases avec notre époque et d’autre un peu moins. Et si l’on met en communs tout cela, la partie qui s’en trouve être dépassé et bien souvent celle de l’image, alors que les messages sont quant à eux intemporels. Tout cela est dû au fait que les différents artistes puisent majoritairement leur inspiration de l’époque qui les entoure avec les tendances graphiques qui leur sont propres.

  1. Des univers parfois datés visuellement

 

Nous avons pu voir à travers la précédente partie que le genre de la SF est encore de nos jours trop souvent bloqués dans la case du space opéra au détriment de ses autres sous genre tout aussi intéressants et riches. Plus généralement, les messages véhiculés à travers les différentes histoires et univers de la SF résonnent toujours à notre époque actuelle. Mais s’il y a bien une partie de tout cela qui s’en trouve en décalage avec celle-ci, ce sont les univers graphiques ou même parfois l’esthétique plus générale de ces œuvres.

 

  1. Une inspiration puisée du passé

 

  1. Un fondement sur des questionnement d’époques antérieures

 

Idées

Bien que les auteurs de SF nous poussent au questionnement avec leur interprétation de mondes alternatifs dominés par la science, ils nous proposent dans la plupart des cas leur vision des futures technologies ou imaginent diverses interprétations de la science dans leur monde. Le plus souvent toutes ces avancées viennent se mêler avec l’imaginaire pour donner naissance à des mondes pour certains fantasmés. Mais au-delà de cette imagination des auteurs et artistes, la racine des ces interprétation de base avant tout sur des inspirations bien réelles puisées à leurs époques.

 

C’est donc pour cela que nous pouvons suivre logiquement que l’évolution des différents styles graphiques et univers de la SF suivent pour la plupart le même schéma que les évolutions scientifiques et technologiques.  Et si nous souhaitons suivre cette évolution, les œuvres de SF sont un assez bon moyen de se replonger dans ces époques révolues.  Et il est vrai que la science-fiction s’inspire d’une partie de notre réalité par le biais de la collapsologie[1] pour imaginer le futur de notre société. Cette question est souvent dominante dans beaucoup d’œuvres mais son interprétation à évoluée au fil des époques. Elle nous permet d’imaginer comment serait le futur pendant ou après ces différentes catastrophes aux origines diverses.

 

Cette partie de la SF permet d’interpréter comment serait visuellement le futur et le fruit de ces évolutions scientifiques.  Certains auteurs on à leur époque prédis certaines avancées et découvertes jusque-là inconnues qui sont aujourd’hui au centre de notre société moderne.

Comme l’utilisation de l’Energie nucléaire à travers l’imagination de Jules Vernes dans 20 000 lieues sous les mers. Et cette vision n’a non seulement permis de donner naissance au nautilus et à son histoire, elle a également permis de lui donner vie et de l’imager. Lui donnant un style et une esthétique lui étant propre.  Mais bien que cette « prédiction » se soit avérée être futuriste et en avance sur son temps, son interprétation visuelle en est totalement dépassée aujourd’hui.

Malgré la prédominance de ce qui nous pousse à vouloir obsessionnellement connaitre et prédire commence sera notre futur, toutes les histoires de SF ne parlent pas obligatoirement de l’avenir de notre époque contemporaine. Certains univers prennent place dans un passé qui peut s’apparenter au nôtre. Il n’est pas rare que de nouvelle License devenue cultes puisent leur inspiration scénaristique et visuelle d’autres époques.

Prenons comme référence l’univers de la série à succès Stranger Things dont la saison 4 viens de s’achever au moment où est écris ce mémoire. Nous sommes alors plongés dans une représentation des Etats-Unis des années 1980. Le contexte historique à cette époque oppose les Etats-Unis à l’URSS pendant la période de la guerre froide. Le récit de la série s’inspire de cette époque et de ses questionnements liés comme les nombreuses théories du complot ou encore des faits réels bien présents à cette époque. Toute l’intrigue est fondée sur un projet de la CIA nommé MKUltra qui aurait donné lieu à des expériences scientifiques sur des cobayes humains dans le cadre de la guerre froide. Une affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre à cette époque, tout comme une autre théorie du complot : le « Project Montauk » dans le même esprit que l’opération secrète de la CIA.

 

Là où le pari est réussi, c’est au niveau de l’univers visuel venant tout droit des années 80. Et même si la technologie de l’époque nous rappelle vite la temporalité dans laquelle se déroule la série, l’univers visuel est particulièrement soigné et réussi. Même si parfois on peut tendre vers les clichés de cette époques (néons, centre commerciaux gigantesques, etc), le rendu n’y est pas kitsh pour autant et l’identité visuelle de la série y est très marquée et forte.

 

Malheureusement s’il y a bien une faille dans tout cet univers, ce sont ses clichés de la représentation visuelle de la SF. Quelque chose qui est flagrant et que l’on retrouve notamment dans les différentes séries d’affiches sorties pour les 4 saisons. On y retrouve le schéma assez banal qui fait perdre son originalité aux affiches et qui les plonge dans la multitude d’autres. La structure y est toujours la même : Les héros de l’intrigue représentées les uns autour des autres toujours au centre de l’image avec le logo de la série en bas de l’image… Et il semblerait que cette structure n’a pas du tout évoluée.